vendredi 2 décembre 2011

Parti socialiste/Europe Écologie – Les Verts : un accord atomisé


Posté le 29 novembre 2011


Depuis plusieurs mois, le Front de Gauche exprime par la voix de son candidat à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, sa volonté d’un débat public à gauche. Sans désespérer d’une future réponse des principaux intéressés, nous avons souhaité commencer le débat en décryptant l’accord de gouvernement passé entre le Parti socialiste et Europe-Écologie Les Verts.

Les politiques d’austérités aggravent les conditions de vie de la majorité des Français et pourtant…
Cet accord s’inscrit dans la logique des politiques d’austérité mises en place depuis plusieurs années dans l’ensemble des pays européens. Les deux partis se sont donc entendus pour ne pas rompre avec ces politiques quant bien même les résultats que l’on peut observer aujourd’hui sont loin d’être positifs.
Ainsi, l’accord de gouvernement se fixe comme objectif un retour à l’équilibre budgétaire pour 2017, soit à peine 1 an de plus que ce que propose l’UMP. La promesse faite par François Hollande de 50 milliards d’économies en 2012-2013 est la conséquence directe de cet objectif.

Les banques et les marchés financiers dérégulés sont les principaux responsables de la crise et pourtant…
Se plaçant dans un cadre de réflexion qui ne diffère pas de celui d’un Papandréou ou d’un Zapatero, l’accord PS-EELV n’affiche à aucun moment une volonté de rupture avec le système financier actuel. Bien sûr, il propose la mise en place d’une taxe sur les transactions financières. Mais le PS et EELV propose un taux de 0,05%, soit deux fois moins que ce que propose José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne !
Même constat sur le statut de la Banque centrale européenne. Le PS et EELV se sont accordés pour autoriser la BCE à « racheter des emprunts d’Etats ». Mais sont-ils au courant que la BCE pratique de tels rachats chaque semaine. Grâce à ces rachats, la BCE détient aujourd’hui plus de 140 milliards d’euros de titres de dette souveraine. S’engage sur une mesure déjà appliquée, voilà ce que nous proposent le PS et EELV. Alors qu’une autre solution est avancée depuis plusieurs mois par le Front de Gauche : que la BCE achète directement des titres de dette aux États plutôt que de les racheter aux banques.

Le fonctionnement actuel de nos institutions met à mal la souveraineté populaire et pourtant…
Alors que lors de son congrès en juin dernier, EELV avait posé comme l’une des conditions indispensables à un accord « une VIe République parlementaire, incluant la généralisation des modes de scrutins proportionnels », le texte signé avec le PS admet seulement la nécessité d’une « république nouvelle ». Sur la proportionnelle, le PS et EELV sont parvenus à une formule qui serait presque drôle si le sujet n’était pas aussi important : « X % des députés seront élus à la proportionnel ». Quel flou ! 1% des députés élus à la proportionnel ou 100%, cela change complètement la donne.
Finalement, totalement rompus aux pratiques de la Ve République et admettant sa dérive présidentialiste, le PS et EELV ne s’engagent pas à la mise en place d’une VIe République. Ils admettent seulement la nécessité d’une « république nouvelle ». Encore une fois, ce style de formule est parfaitement inutile. Soit le PS et EELV souhaitent une nouvelle république et dans ce cas là il ne peut s’agir que d’une VIe République, soit ils acceptent le fonctionnement actuel de nos institutions. La nouveauté ne peut procéder de simples ajustements à la marge.

Soyons honnêtes et reconnaissons les points positifs présents dans cet accord : la reconnaissance de l’État de Palestine, le retrait des troupes françaises d’Afghanistan, la taxation des revenus du capital au même barème que ceux du travail ou encore la création de 600 000 emplois grâce à la transition écologique. Mais pour le reste cet accord est une mauvaise nouvelle pour le rassemblement de la gauche puisqu’il fait clairement le choix des politiques d’austérité. De plus, Europe-Écologie semblait pouvoir se rapprocher du Front de Gauche sur certains sujets pour répondre aux attentes des Français, comme sur le retour de la retraite à 60 ans. Malheureusement cet accord n’entend même pas abroger la réforme Fillon. Le PS et EELV se sont simplement accordés pour rétablir la retraite à 60 ans pour celles et ceux qui ont commencé à travailler jeune.

Alors qu’un accord entre forces de gauche devrait œuvrer au rassemblement, l’accord entre le PS et EELV sème le trouble. Dès sa signature, la confusion règne autour d’un passage sur le « MOX ». Puis, la candidate d’Europe-Écologie annonce que cet accord ne la concerne pas. La semaine suivante c’est autour de François Hollande d’indiquer qu’il n’appliquerait que certaines mesures de cet accord. La gauche ne ressort pas grandi de l’échange de petites phrases qui a lieu depuis la conclusion de cet accord. Le débat public est dorénavant indispensable pour clarifier les positions et en finir avec ces « tambouilles » d’appareils.

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